Alexandre Nikolaev ([personal profile] alexnikolbackup) wrote2013-02-14 09:03 am

Француженка - гувернантка у российских олигархов



http://www.inopressa.ru/article/14Feb2013/lefigaro/russia.html


Французская Le Figaro публикует интервью с Мари Фрейсак, написавшей книгу о своей работе гувернанткой в семье российских миллиардеров. Журналистка по профессии, она всегда мечтала пожить в России, поэтому предложение преподавать французский три раза в неделю двум детям за 5000 евро в месяц показалось ей соблазнительным. Для начала она была приятно удивлена, увидев вместо высокомерных богачей симпатичных и приветливых людей.

"Первый раз, когда я летела на частном самолете и мы пили шампанское, это было впечатляюще. Но что больше всего меня поразило, так это урок гольфа для детей в открытом море, на семейной яхте в Монако, - приводит ее слова издание. - Все мячи, падавшие в воду, капитан потом доставал из моря. Живя рядом с такими людьми, учишься сдерживать свои эмоции, говоря себе, что такие излишества возможны. Я знала, что деньги открывают любые двери, но в реальности это воспринимается как-то иначе". Работая гувернанткой в такой семье, надо все время улыбаться, быть в хорошем настроении и хорошо одетой, а также вооружиться терпением, особенно из-за непростого характера детей, избалованных родителями и не желающих слышать "нет", призналась девушка.

Фрейсак находилась в России в момент уличных протестов зимы 2011-2012 годов, и рассказала, что в семье ее работодателей к тогдашним событиям относились "со вниманием": "Они интересуются политикой, но не слишком. Надо быть близким к власти, сохраняя дистанцию. На Западе существует собственное представление о Путине - в России же демократия не имеет первостепенного значения. Народ пережил такие потрясения, что для него важнее стабильность. Путина критикуют в России по другим причинам. Многие оппозиционеры занимают более жесткую позицию, чем он, они считают, что он слишком мягок, недостаточно националистически настроен, недостаточно активно борется с миграцией. Его считают скорее центристом", - сказала она.

По словам Фрейсак, семья, в которой она работала, жила вне российской действительности, "в золотой тюрьме". "Русские любят демонстрировать свое богатство, они очень гордятся своими успехами. Это позитивная ценность, тогда как во Франции люди с деньгами не показывают этого", - считает Мари. Но самое поразительное в россиянах, по мнению девушки, это бешеная погоня за потреблением: "Очень трогательно видеть, как они радуются каждой новой покупке, но в то же время это пугает, потому что им всегда надо иметь больше, чем у соседа. Не знаю, связано ли это с утратой советской идеологии, но они стремятся в полной мере испытать все возможности капитализма". Мари призналась, что ей самой жизнь в "золотой тюрьме" наскучила: "Когда ты окружен роскошью, и это не похоже на нашу жизнь, поначалу приятно, но быстро надоедает", - приводит ее слова издание.

Pour celles et ceux qui lisent en français


INTERVIEW - À 28 ans, Marie Freyssac est devenue préceptrice à Moscou pour une famille de milliardaires. De retour en France, elle raconte, avec impertinence et humour, ce quotidien hors normes dans un livre paru mercredi.

Journaliste de profession, Marie Freyssac a toujours rêvé de vivre en Russie. L'offre d'emploi qu'elle trouve sur Pôle emploi semble donc pour elle alléchante: enseigner la langue française à deux enfants, trois jours par semaine, pour un salaire mensuel de 5000 euros et un appartement de fonction. Entre petit-déjeuner au caviar, voyages en jet-privé, et vacances sur le yacht familial à Monaco, elle s'est occupée pendant près d'un an et demi de ses deux «petits maîtres»: Liza huit ans, et Aliocha quatre ans. À travers des scènes parfois surréalistes, l'auteure délivre son immersion chez les oligarques russes.

LE FIGARO. - Dans votre livre, vous expliquez avoir eu de la chance de travailler pour cette famille. Comment se comportaient-ils?

Marie FREYSSAC. - J'étais assez surprise lors de l'entretien d'embauche. Je les ai rencontrés dans un palace, je m'attendais à des gens hautains... Je me suis retrouvée face à des gens décontractés en jogging (mais de luxe forcément). Ils étaient très avenants et sympathiques. Ils sont milliardaires, mais ce sont des nouveaux riches. Avant tout, c'est leur caractère russe qui transparait: excessifs, euphoriques et enthousiastes, dès qu'ils acquièrent une nouvelle propriété par exemple. On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. Même s'ils se sont montrés très généreux, on reste des employés. On sentait qu'on faisait partie de la famille dans des moments d'intimité, mais, devant les invités, il faut savoir rester à sa place.

Vous dites que votre première mission était de vous «accoutumer au luxe». Dans ce train de vie démesuré, quelle scène vous a particulièrement marquée?

La première fois que je suis montée dans leur jet privé et qu'on a bu du champagne, c'était assez impressionnant. Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est la leçon de golf pour les enfants, en pleine mer, sur leur yacht à Monaco. Je ne m'y attendais pas du tout, c'était assez hallucinant. Toutes les balles envoyées dans l'eau ont ensuite été repêchées par le capitaine. En vivant au contact de ces gens-là, on apprend à se tenir sur la réserve et à se dire que ces excès sont possibles. Je savais déjà que l'argent ouvrait toutes les portes, mais en le vivant c'est différent.

Vous qualifiez votre rôle de préceptrice comme «un emploi en or de potiche»...

C'est ma vision en tant que gouvernante là-bas. Il faut toujours sourire, être de bonne humeur et bien habillée. Le plus fatiguant, c'est d'attendre, ça peut vite devenir ennuyant, il faut s'armer de patience. Notamment avec les enfants qui ont un sacré caractère. Ils sont gâtés par leurs parents, on ne peut pas vraiment leur dire non. Donc il faut jouer plus finement qu'eux, essayer de négocier avec eux tout ce qui représente une «contrainte»: ranger leur chambre, se promener, suivre une leçon de français.

Vous étiez à Moscou au moment des élections législatives de décembre 2011. Lors des manifestations anti-Poutine, vous expliquez que la mère «tremble en observant ces insurgés à la télé». Comment perçoivent-ils ces événements?

Ils font attention. Ils s‘intéressent à la politique mais pas de trop près: il faut être proche du pouvoir tout en gardant des distances… Les Occidentaux ont une certaine vision de Poutine. Là-bas, la démocratie n'est pas si primordiale que ça. La population a vécu de tels bouleversements que ce qui est important, c'est plutôt la stabilité. Poutine n'est pas critiqué pour les mêmes raisons en Russie. Beaucoup de ses opposants sont plus durs que lui, il est perçu comme trop mou ou pas assez nationaliste, ne faisant pas assez contre l'immigration. Il est plutôt vu comme un centriste.

À travers la description de votre vie à Moscou, vous abordez un aspect de la vie moscovite, les écarts de richesse...

Dans mon livre, je parle notamment des babouchkas qui balaient l'escalier du métro pour compenser leur retraite, des Caucasiens vendeurs à la sauvette, ou des hommes complétement ivres qu'on croise dans la rue. C'est un trait de la Russie d'aujourd'hui.

La famille dans laquelle je travaillais vivait en dehors de la réalité dans une prison dorée. Les Russes aiment afficher leur richesse, et sont très fiers de leur réussite. C'est une caractéristique de la société moscovite où les signes extérieurs de richesse sont très présents. C'est une valeur très positive, alors qu'en France les gens qui ont de l'argent s'affichent moins. J'avais des amis russes qui n'avaient aucun complexe à me dire que leur rêve était de se marier avec un oligarque.

Le plus frappant c'est cette course frénétique à la consommation. C'est à la fois très touchant de les voir excités à chaque nouveauté, mais cela fait aussi peur car il faut toujours avoir plus que son voisin. Je ne sais pas si c'est la perte de l'idéologie soviétique, mais ils profitent pleinement du capitalisme. D'un côté, il y a ceux qui réussissent à tirer leur épingle du jeu, et de l'autre, ceux qui ont perdu leurs repères et qui se réfugient dans l'alcool ou le nationalisme.

Que retenez-vous de cette expérience?

J'ai choisi ce travail par opportunité et c'était une chance énorme pour moi de découvrir de l'intérieur une partie de la société russe que je ne connaissais pas. Je trouvais intéressant sociologiquement d'avoir cette vision de cette classe très importante en Russie. J'ai pu progresser en russe, j'ai aussi vécu la vie de milliardaire avec eux ce qui est assez extraordinaire. Je ne pense pas que ça m'arrivera encore un jour. Et j'ai pu observer cette classe de nouveaux riches de plus près. Mais je suis partie car je commençais à m'ennuyer…J'avais l'impression d'être dans une prison dorée, d'être toujours enfermée, d'étouffer. Quand on est entouré de luxe et que ça ne correspond pas à notre vie, c'est très agréable les premiers temps, mais on se lasse assez vite.

La famille est-elle au courant de la publication du livre?

Je ne leur ai pas dit! Tout est anonyme, je ne voulais pas leur porter préjudice. Par contre, je leur ai écrit un mail il y a quelques jours pour leur annoncer la sortie du livre mais je n'ai toujours pas de réponse.